LePointTn-Sofien Rejeb
La campagne municipale de New York, habituellement marquée par la diversité des débats et la vitalité du pluralisme politique, a pris cette fois un tournant singulier.
Le candidat progressiste Zahran Mamdani, figure montante du Parti démocrate, est devenu la cible d’une offensive coordonnée d’une rare intensité, portée en grande partie par le président Donald Trump et ses alliés conservateurs.
L’enjeu dépasse largement le scrutin local : il révèle les lignes de fracture idéologiques, identitaires et médiatiques qui traversent la démocratie américaine contemporaine.
Un parcours symbolique de l’Amérique urbaine
Né en Ouganda de parents indiens musulmans réfugiés aux États-Unis, Zahran Mamdani incarne la trajectoire typique des “enfants du melting-pot” new-yorkais.
Installé dans le Queens, il a fait de la justice sociale, du logement abordable et de la réforme du système policier les piliers de son engagement politique.
Élu à l’Assemblée de l’État de New York en 2020, il appartient à l’aile gauche du Parti démocrate, proche du courant incarné par Alexandria Ocasio-Cortez.
Son profil tranche avec les figures traditionnelles du pouvoir municipal : jeune, militant, et porteur d’un discours décolonial assumé, il revendique une vision de la ville inclusive et redistributive.
Une stratégie d’attaque hypermédiatisée
Depuis l’annonce de sa candidature à la mairie, Mamdani fait l’objet d’une campagne de déstabilisation d’une ampleur inhabituelle.
Publicités négatives, tribunes anonymes, campagnes ciblées sur les réseaux sociaux : la rhétorique utilisée contre lui reprend les codes du populisme trumpien, mêlant insinuations religieuses et attaques sur son origine.
Symbole de cette stratégie visuelle et émotionnelle, un hélicoptère a survolé Manhattan plusieurs heures durant, déployant une banderole invitant les électeurs à ne pas voter pour Mamdani — une mise en scène spectaculaire qui illustre la capacité de la droite trumpiste à investir le terrain médiatique comme prolongement de la lutte politique.
La politisation de l’identité
Le cas Mamdani montre à quel point la politique américaine reste traversée par des tensions identitaires profondes.
Dans un contexte où la majorité urbaine s’oriente vers des valeurs progressistes, la droite tente de mobiliser la peur de l’altérité comme instrument de cohésion électorale.
Le discours anti-Mamdani ne se limite pas à un désaccord programmatique : il rejoue, sous une autre forme, le vieux clivage entre “l’Amérique réelle” et “l’Amérique des marges”.
Cette polarisation croissante traduit aussi une transformation du champ médiatique, désormais dominé par la logique du conflit permanent et de la visibilité immédiate.
Un miroir déformant de la démocratie
Ce qui se joue à New York dépasse le destin personnel d’un candidat.
L’offensive contre Zahran Mamdani révèle la vulnérabilité d’un système où l’argent, l’image et la peur continuent de structurer la compétition démocratique. même aux états unis.
Mais elle démontre aussi la capacité de résilience d’un modèle où la contestation peut encore s’exprimer, même face à des figures aussi puissantes que Trump.
