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Témoignage émouvant de RAFIK GHANMI Divulgue les dessous non élucidés dans le milieu estudiantin !

 

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Un témoignage émouvant de RAFIK  ELGHANMI  leadership du mouvement estudiantin islamiste Ennahda dans les années regorgeant  les lugubres souvenirs d’un holocauste indescriptible tissé  qui a commencé par  la décision du mouvement : « Cassez vos stylos et déchirez vos cahiers »  et  des mots magiques et ensorceleurs tel que affronter les tyrans et obtenir le martyr . Ci-dessous le témoignage intégral publié par l’institut tunisien des relations internationales :

C’était un de ces jours de Mai 1991 …

Aujourd’hui est la commémoration des événements douloureux s’étant produit en mai 1991 dans le milieu estudiantin, qui ont fait tant de victimes étudiantes entre morts, prisonniers, persécutés, exilés et soumis à un contrôle sécuritaire et administratif humiliant, les privant de tous leurs droits… A cette époque, le mouvement Nahda a arrêté sa décision et maintenu son mot d’ordre.  La décision a été signée et validée  par Rached Ghannouchi, après qu’il ait fait ses bagages pour Londres, espérant revenir en Tunisie comme l’avait fait Bourguiba  un jour ou Khomeini rentré de son exil. Mais on ne mélange pas les serviettes et les torchons … Il est loin d’être Bourguiba le laïc ou Khomeini l’homme de foi.

Le cheikh répétait à son audience :

« Allah, qui a fait triompher Khomeini sur le Shah, soutiendra tous les Khomeini sur leur Shah. »

Il avait dit cela avant de se retourner contre la révolution iranienne dont il chantait les louanges pour découvrir que Khomeini était chiite.

C’était le temps où le milliardaire faisait croire à ses disciples qu’il était révolutionnaire à la manière de Khomeini le Husseinite : engagement, principe et volonté de mourir sur l’autel de la cause, sa justice et sa justesse.

Mais le cheikh a donné l’ordre de déclarer la guerre au régime de Ben Ali, alors qu’il avait un pied à Londres et l’autre dans la voiture des cérémonies présidentielles …

Il est parti et a laissé les choses aux mains des commandants de terrain qui rêvaient d’obtenir la bénédiction du milliardaire énigmatique … Le Cheikh était chargé de secrets.

Un jour de la fin décembre 1990, lors d’une réunion des leaders étudiants à l’université, Ali Laaraidh leur disait : « Nous méritons plus que le RCD de gouverner la Tunisie ; nous sommes maintenant le parti le plus populaire et la qualité et le niveau des membres du mouvement sont plus élevés que ceux de tous les membres du RCD réunis. Nous sommes prioritaires pour gouverner le pays » …  C’était quelques jours avant qu’il ne soit arrêté.

Bien sûr, ni le temps ni les circonstances ne permettaient de poser des questions sur la teneur du programme de gouvernance ou des alternatives économiques, politiques et sociétales, ni même sur la façon d’y parvenir. C’était « les choses sont soigneusement organisées et la direction du mouvement est préparée à toute éventualité, petite ou grande » ; « Rassurez-vous, tout va bien » ; « les considérations sécuritaires ne nous permettent pas d’en dire plus ». Et puis les rires …

Des mots magiques et ensorceleurs suffisaient à faire taire les langues et à figer les esprits… « Les frères aspirent au martyr pour Dieu » ; « Nous sommes impatients pour affronter l’ennemi » ; « Cette religion est l’avenir » ; « Dieu soutient celui qui le soutient  » ; « Seul Dieu accorde la victoire » ; « Il est de notre devoir de soutenir les croyants » ;  » Nous sommes prêts à affronter les tyrans et obtenir le martyr » ; « Si vous rencontrez l’ennemi, restez déterminés « …Et ainsi de suite !

Des versets et des hadiths complètement sortis de leurs contextes remâchés à tort et à travers. Un discours rabâché par ceux happés par la machine du Cheikh pour le marteler. Il ne se différenciait que par la qualité et la rhétorique de l’orateur… De Salah Karkar à Habib Ellouz à Hammadi Jebali à Mabrouk Zran … à la deuxième ligne d’Abdelkrim Harouni à Ajmi Lourimi à Ameur Laaraidh à Abdellatif Mekki… Tous tenaient le même discours.

Tous avaient oublié ou omis le manuel de référence « Mouvement islamique et modernisation » publié par Ghannouchi en collaboration avec Hassan Tourabi et qui contenait la charte globale du mouvement, à savoir : le mouvement est civil, pacifique, rejette la violence, respecte les urnes et la loi, observe les lois du pays et fonctionne conformément à la loi des associations et des partis ; sa méthodologie reposant sur « la clarté du message et la vertu de la résilience  » (البلاغ المبين والصبر الجميل)… C’est sur cette charte globale et ce contrat que les membres du mouvement ont consenti leur adhésion. Pas de coups d’État, ni violence, ni assassinats ni subversion au sein de l’armée ou de la sécurité… C’était le contrat sur lequel l’adhésion à l’organisation était basée. En vérité, le livre est une compilation et un récapitulatif de tous les articles de Ghannouchi, constituant un petit guide et un contrat d’affiliation, ses objectifs et ses moyens.

L’heure de vérité avait donc sonné. Tout le monde était confiant que le plan était parfait et que les frères djihadistes « à l’intérieur des institutions militaire et sécuritaire » accompliraient leur mission avec succès … Les étudiants étaient chargés de préparer les conditions inhérentes à l’épuisement du régime,  à la dispersion des efforts des forces de sécurité, à la désintégration de l’Etat et au démantèlement de ses appareils. Le couronnement serait le coup d’Etat béni… Un scénario rêvé ! Dans la secte, les petits calculs ridicules commençaient : untel sera chef du gouvernement… untel ministre… untel et ceux du même grade gouverneur(s) … untel et ceux du même grade  délégué(s) …

Donc, le destin a voulu que les étudiants soient en première ligne. Ils étaient le bras fort du mouvement… Les ordres ont été donnés :

« Déchirez les cahiers et cassez les stylos » ;  » Nous reprendrons les études sous l’égide de État islamique qui arrive … l’an prochain. »

Sur le plan personnel, j’occupais une position de leadership relativement modeste -après l’expérience de l’activité scolaire- car j’étais le porte-parole officiel des étudiants de la tendance islamique dans la branche de Kairouan. Et de là vers d’autres branches … dont la branche universitaire active qui a conduit l’action estudiantine dès le début des années 1990 à l’Université Tunisienne, à commencer par le mouvement de Février  1990 qui a mis le feu aux poudres avec l’incendie du poste de police universitaire à la Faculté.

A mon niveau personnel, je ne croyais pas ce qui se passait… En même temps, je devais informer les « frères » en particulier et les étudiants en général, et sous différentes formes, de la décision du mouvement : « Cassez vos stylos et déchirez vos cahiers ».

A mon niveau personnel,  je voulais continuer mes études,  surtout que j’étais brillant et que l’année scolaire touchait à sa fin… Je voulais réussir… J’aimais mes livres, mes cahiers et mes stylos… Je n’admettais pas la décision du mouvement et ne croyais pas à sa réussite … En même temps, je devais appeler les étudiants du mouvement à adopter la position et à s’y engager avec plaisir.

Et advint ce qui devait arriver. Les étudiants ont déchiré les cahiers et cassé les stylos. Dans l’étape suivante, ils ont incendié les facultés et les universités, ciblant les employés par les assassinats. Oui, ils nous ont demandé de tuer et d’assassiner les fonctionnaires des facultés et des universités partisans du régime… Les noms étaient sur la table… Et oh mon Dieu !

Les affrontements ont eu lieu …. Ont quelque peu progressé. Des affrontements avec la police, l’incendie de voitures et de postes de police universitaires … Des affrontements dans les rues… Des balles ont sifflé et des victimes sont tombées… Chaque fois dans une partie de l’université… Les arrestations se sont intensifiées et ont concerné autant les étudiants que les étudiantes…

Tout le monde attendait « l’heure H »… L’attente a été longue, longue … L’heure n’est pas venue … Mais la hache était là….

Et l’aube de la fausseté est apparue … Est apparue la vérité ignorée par les aveugles de la Confrérie : Le mouvement ne reste qu’un mouvement aussi fort soit-il … L’Etat reste un Etat aussi affaibli soit il….

L’Etat a vaincu le Mouvement.

Ce qui est anecdotique avec la deuxième tentative de coup d’Etat de 1991 est que, contrairement à la première de 1987, elle était connue de tous. Les femmes en parlaient dans les boutiques, les enfants dans les jardins d’enfants et les étudiants dans les universités. Avez-vous entendu parler d’un coup d’État dont les gens parlent dans les cafés et en public, de sa date, de ses acteurs, de ses objectifs ? Est-ce un coup d’Etat ou un coup d’Etat contre l’histoire des coups d’Etat ?

Ben Ali a su gérer la bataille avec beaucoup de sérénité ; le régime n’a pas faibli et n’a pas tremblé … Au contraire, la base de ceux qui croyaient en ses capacités s’est élargie. Le Mouvement a été vaincu. Décembre 1991 n’était même pas encore arrivé que Ben Ali annonçait à ses partisans la défaite des terroristes. Abdallah Kallel déclarait ce jour-là : « Il n’y a pas de crime impuni. »

Ghannouchi était à Londres … Ben Ali était à Carthage … Et les étudiants étaient en prison, punis pour leurs crimes … Seuls coupables.

Ceux qui ont trouvé le moyen de s’exiler l’ont fait. Ceux qui ont fui ont vécu dans la clandestinité, recherchés et menacés de poursuites. Ceux qui ont quitté la petite prison ont été accueillis par la grande prison et soumis à une surveillance administrative humiliante.

Pendant un quart de siècle, les histoires de souffrance ont été écrites en prison, en exil et dans des cachettes secrètes. Les tragédies grandissaient jour après jour. Seul Dieu savait quand prendrait fin cet holocauste. C’était un holocauste indescriptible.

Les étudiants étaient au cœur de l’holocauste … Et j’étais parmi eux.

Plus tard, dans les prisons, nous nous sommes réunis, étudiants, militaires et sécuritaires, jeunes et moins jeunes, adultes et vieillards … Nous nous sommes rassemblés sous les murs de la défaite … Nous nous sommes rencontrés les yeux dans les yeux et nous avons longuement parlé. Les questions ont été posées … Que s’est-il donc passé ???

C’était des regrets … C’était de la perplexité … C’était des rires sardoniques partagés entre l’autocritique et les conséquences de la bonne foi mal placée… Qu’est-ce qui nous a pris ??? Où étaient nos esprits ??? Des questions brûlantes auxquelles on ne pouvait répondre, sauf par la résilience et encore plus de stoïcisme. Y avait-il autre chose que la patience, l’acceptation et l’attente de l’inconnu qui semblait lointain et démesuré … plus haut que les murs de la prison.

Nous étions les victimes de deux criminels, dont la criminalité dépassait l’entendement.

Le premier criminel était assoiffé de pouvoir et rêvait de son ivresse. Il a utilisé la religion et exploité les sentiments religieux des gens. Il a employé tous les moyens permis et illicites, tous les interdits pour atteindre son but après avoir assuré sa sécurité et celle de sa famille… Il a joué le tout pour le tout pour le pouvoir. Il s’est permis de pénétrer les institutions militaire et sécuritaire et enrôlé des soldats et des agents de sécurité … Il les a poussés à trahir leur serment et le drapeau. Il s’est autorisé à commettre les tueries, les assassinats, les incendies et les agressions à l’acide … Il s’est tout permis pour l’illusion d’être le président de la ruine sur les cadavres des innocents et sur la route de la douleur, des larmes et de la torture… C’était un grand criminel abject… Et tout le monde lui cédait par hypocrisie, par ambition ou même de bonne foi.

Le deuxième criminel était fou de pouvoir et était prêt à tuer pour y rester… Sa victoire ne l’aurait pas empêché de faire travailler ses méninges et ouvrir la porte de l’amnistie ou de la miséricorde, mais il ne l’a pas fait … C’était un criminel sans cœur, aveuglé par le pouvoir pour être juste et il a mis tout le monde dans le même sac. Il était occupé avec sa Leïla et construisait sa postérité factice …  Il veillait à consolider son règne pour l’éternité pour qu’il gouverne éternellement. Sans pitié, il s’en prenait à tous ceux qui n’étaient pas avec lui dans tout le spectre politique, syndical et juridique … Jusqu’à ce que le destin l’emporte … Et tout le monde lui cédait et louait ses actions par hypocrisie, par ambition ou même de bonne foi …

Chers étudiants, après un quart de siècle de souffrances causées par deux criminels corrompus parmi les criminels de l’humanité, moi qui suis l’un d’entre vous, aujourd’hui je suis debout pour déclarer que, dans le cadre du processus de la justice transitionnelle, je maintiens mon droit légitime à poursuivre légalement deux criminels dangereux qui ont commis des crimes contre le pays et le peuple… Je ne demande pas de compensation matérielle car j’estime ne pas y avoir droit, comme j’estime qu’elle ne compensera jamais un seul jour de l’holocauste et de la douleur. Ma seule demande concerne la poursuite judiciaire de ceux qui sont coupables de crimes contre toute une génération, ceux qui ont envoyé toute une génération au massacre. Une génération de jeunes à la fleur de l’âge soumis à un quart de siècle d’oppression dont toute une génération a payé le prix.

Je déclare demander la poursuite judiciaire de deux grands criminels qui ont commis des crimes contre le pays et le peuple. Je ne me réconcilierai pas et je ne pardonnerai pas avant qu’ils ne soient traduits en justice :

Ben Ali et Ghannouchi sont deux grands criminels dont les crimes ne seront prescrits ni par le temps ni par l’oubli.

Ainsi; ce Hadith  Kodsi que le Prophète SAM) rapporte de Son Seigneur Le Tout Puissant, Qui a Dit: Ô Mes Serviteurs: Je Me Suis interdit l’injustice, et J’en ai fait un tabou, interdit pour vous. Ne soyez pas injustes entre vous… Ô Mes serviteurs, j’enregistre vos activités, ensuite je les évalue. Quiconque y trouve du bien, qu’il en loue Allah, et quiconque y trouve autre chose, qu’il ne s’en prenne qu’à lui-même.

Hager et asma

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