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Sarost 5 : une migrante enceinte de six mois livrée à elle-même dans un foyer en Tunisie

InfoMigrants a reçu le témoignage d’Afigo, une migrante nigériane, âgée de 23 ans, enceinte de six mois. Après deux semaines à bord du Sarost 5 et plus de trois semaines dans un foyer d’accueil à Zarzis, la jeune femme, en larmes, dit n’avoir reçu aucun soin.

C’est avec une voix à peine audible qu’Afigo, une jeune migrante nigériane de 23 ans, raconte son quotidien. « J’ai mal dans mon corps. J’ai mal au ventre, j’aimerais aller à l’hôpital. Mais le Croissant-Rouge ne m’y emmène pas », explique-t-elle par téléphone. « Ils me répondent toujours la même chose : ‘demain, demain’… Ils ne m’emmènent jamais. »

Afigo est enceinte de six mois. Depuis trois semaines, elle est logée avec les quarante autres migrants du Sarost 5 dans un foyer de Médenine, à l’ouest de Zarzis, en Tunisie. Auparavant, la future mère a passé 17 jours à bord d’un navire commercial au large de la Tunisie, dans des conditions précaires.

Aujourd’hui, sans soins adaptés, la jeune Nigériane s’inquiète pour elle et pour son bébé. « J’ai de la fièvre, j’ai des douleurs au ventre », répète-t-elle, en larmes. « Pourquoi refusent-ils de me soigner ? » Depuis son arrivée en Tunisie, Afigo affirme n’avoir vu que deux fois un médecin. Elle n’a passé aucune échographie. » Le 1er août [à son arrivée en Tunisie], on m’a emmenée à l’hôpital. Ils ont pris mon pouls, ma tension, ils ont fait une prise de sang et c’est tout », affirme-t-elle.

Afigo est seule en Tunisie, son mari a été assassiné en Libye, mais elle peut compter sur la bienveillance et le soutien des autres migrants du foyer. « Nous sommes allés fouiller dans les poubelles pour lui trouver des vêtements larges pour son ventre qui s’arrondit de plus en plus », explique l’un d’eux. « Elle n’a aucune robe de rechange. On ne lui a pas donné de nouveaux vêtements ».

Afigo n’a passé aucune échographie depuis son arrivée dans le foyer de Médenine. Crédit : InfoMigrants

Contacté par la rédaction d’InfoMigrants, Mongi Slim, du Croissant-Rouge tunisien, se porte en faux face aux déclarations d’Afigo. Il reconnaît qu’elle n’a pas été à l’hôpital depuis son arrivée au foyer mais affirme qu’un médecin passe régulièrement rendre visite aux migrants du Sarost 5. »Il y a des visites régulières et systématiques d’un docteur », affirme-t-il. « Mais nous n’emmenons pas les personnes à l’hôpital simplement parce qu’elles le demandent. Nous devons être sûrs que leur état le nécessite ».

Afigo se plaint également d’être sous-alimentée et de ne pas recevoir une alimentation adaptée à son état. « J’ai besoin de manger mieux. Nous ne mangeons que du riz. Nous n’avons presque jamais de viande, jamais de poissons, jamais de fruits ou de légumes ». Contactée par InfoMigrants, l’Organisation internationale des migrations (OIM), chargée de l’approvisionnement en nourriture, n’a pas répondu à nos questions.

Les quarante migrants du Sarost 5 patientent depuis plusieurs semaines dans le foyer de Médenine, au sud du pays. Plusieurs d’entre eux, dont Afigo, ont déposé une demande d’asile auprès du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), chargé de superviser les procédure d’asile en Tunisie.

Partis de Libye à bord d’une embarcation pneumatique, ces migrants – originaires d’Afrique subsaharienne et d’Égypte – se sont perdus en mer avant d’être pris en charge par le Sarost 5 le 15 juillet.

Le navire commercial tunisien a passé plus de 15 jours en mer sans trouver de port pour accueillir les naufragés. Malte et l’Italie avaient refusé de les prendre en charge. La Tunisie avait, dans un premier temps, refusé elle aussi de laisser le Sarost 5 accoster, de peur de devenir à terme un « port sûr » de référence pour les États européens qui cherchent des plateformes de débarquement dans les pays du nord de l’Afrique. Le 1er août, Tunis a finalement donné son autorisation de débarquement

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