Huit ans après la révolution, la Tunisie ne semble pas encore retrouver une stabilité économique rassurante et encore moins un niveau de croissance et un sentier de développement raisonnable (le taux de croissance est à seulement 1.1% en 2019). De mal en pis, l’économie s’enfonce davantage : le chômage persiste à des niveaux très élevés (le nombre des chômeurs est passé à 634.900 en 2019, soit un taux de 15.3%), les inégalités sociales et régionales se creusent et la pauvreté persiste dans un pays, supposé s’être révolté contre ces fléaux dévastateurs. Les fondamentaux économiques, autrefois stables, se détériorent d’une façon dangereuse, les marges de manœuvre se rétrécissent et l’Etat se retrouve démuni, incapable de redresser la barre.
Face à ce constat, l’Etat Tunisien doit jouer son rôle pour stabiliser l’économie. Par ailleurs, selon les classiques et les keynésiens, les Etats ont un rôle primordial à jouer surtout en période de crise pour régulariser l’activité économique, rétablir les grands équilibres macroéconomiques et restaurer l’équité sociale via la répartition de la richesse nationale en agissant dans l’économie par la fiscalité et les transferts (subventions, prêts…), bref l’Etat a le rôle de réguler l’économie et veiller au bon fonctionnement des mécanismes du marché. Il convient donc de dire que l’intervention de l’Etat dans l’économie en période de crise est plus qu’incontournable face aux déficiences et au fonctionnement non optimal du marché, disons du capitalisme.
La Tunisie, a effectivement un grand bras financier, qui est la caisse de dépôt et de consignation (CDC). Créée en 2011, la CDC est censée relancer l’économie à travers la réalisation ou la participation aux investissements quels que soient leurs délais d’une manière directe ou indirecte ou dans le cadre de partenariats avec le secteur privé dans tous les domaines économiques à caractère stratégique, et plus précisément dans l’infrastructure, le développement régional, les secteurs des nouvelles technologies, de l’environnement et du développement durable ainsi que le soutien aux petites et moyennes entreprises.
Célébrant son huitième anniversaire, la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) affiche des performances financières significatives.
Mais le bras financier de l’Etat n’est pas censé réaliser des performances financières surtout que l’année 2019 est marquée par un faible taux de croissance, c’est un mauvais signe. En effet, ladite caisse contribue à peine à 5% des fonds dont il dispose au financement de l’économie, selon l’expression même du DG de la Bourse de Tunis Bilel Sahnoun. La CDC n’est pas en train de jouer convenablement, jusqu’à ce jour, son rôle en termes d’impulsion du développement dans le pays, il faut redresser la barre le plus tôt possible. La CDC peut effectivement jouer un très grand rôle dans la relance économique du pays. C’est un véhicule de financement vital pour notre pays parce que derrière la CDC il y a l’Etat.
Les priorités des gouvernements qui ont succédés ont été axées essentiellement, sur le rétablissement de la sécurité et de la réalisation de la stabilité politique : maintenant il faut cibler la relance de l’économie nationale.
Amine BEN GAMRAExpert Comptable Commissaire Aux ComptesMembre de l’Ordre des Experts Comptable de Tunisie