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Kazan… La ville qui sourit sur les rives de la Volga

La capitale du Tatarstan où se rencontrent le croissant et la croix

Le Pointtn-  Kazan, cette ville n’est pas comme les autres villes de Russie. Il y a quelque chose dans l’air qui vous invite à sourire… Peut-être la douceur des visages, peut-être l’hospitalité qui vous enveloppe dès le premier instant. À l’aéroport, à l’hôtel, dans la rue, impossible de faire trois pas sans croiser un regard bienveillant ou recevoir un mot d’accueil chaleureux.

Une histoire sur les rives de la Volga

Kazan, ou Qazan comme l’appellent ses habitants, repose sur la rive gauche du grand fleuve Volga. De loin, elle semble flotter entre le ciel et l’eau, entre un passé glorieux et une modernité éclatante. Capitale de la République du Tatarstan, l’une des républiques fédérées de la Russie, elle abrite plus d’un million deux cent mille habitants vivant dans une remarquable harmonie entre deux cultures, deux langues et deux religions.

Notre guide tatar me dit fièrement : « Ici, musulmans et chrétiens vivent côte à côte depuis des siècles… Il n’y a pas de murs entre nous, sauf ceux des mosquées et des églises et ils sont ouverts à tous. »

La première ville de l’islam en Russie

Kazan possède un passé très ancien. Elle fut l’une des premières cités russes à accueillir l’islam, transmis par les marchands musulmans au Xe siècle. Depuis, elle est restée un centre spirituel et culturel majeur pour les peuples de la Volga. Aujourd’hui encore, elle conserve son patrimoine islamique tout en s’affirmant comme une métropole moderne et dynamique.

Sur les hauteurs de la ville, à l’intérieur du Kremlin de Kazan, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, se dresse la merveilleuse mosquée Qol Sharif, bijou d’architecture aux nuances bleu azur et blanc éclatant. J’y suis resté longuement, fasciné par ses dômes lumineux et ses quatre minarets s’élançant vers le ciel à plus de 58 mètres.

Qol Sharif… Des cendres à l’éternité

Notre guide me raconte que la mosquée porte le nom de l’imam Qol Sharif, dernier défenseur de Kazan face aux troupes du tsar Ivan le Terrible en 1552.
Détruite lors de la conquête, elle demeura un symbole de résistance dans la mémoire des Tatars jusqu’à sa reconstruction en 2005, à l’occasion du millénaire de la ville.

À l’intérieur, règne une atmosphère de paix et de lumière. Le marbre blanc, les coupoles décorées de versets coraniques, les vitraux colorés qui diffusent une lumière douce , tout respire la spiritualité et la beauté.
Un ami-visiteur murmure : « Ici, on ne fait pas que prier… On écoute l’histoire d’un peuple. »

La mosquée abrite également un petit musée retraçant la diffusion pacifique de l’islam dans la région de la Volga, ainsi qu’une salle consacrée aux cérémonies de mariage, où l’amour s’unit à la foi et à la tradition.

Le Kremlin… Où se rencontrent le croissant et la croix

Quelques pas plus loin s’élève la cathédrale de l’Annonciation, construite peu après la conquête russe. Voir le minaret et la coupole chrétienne se répondre dans le même ciel est une scène d’une beauté rare , une image vivante de la tolérance qui caractérise Kazan.

À l’intérieur du Kremlin, les cloches d’église répondent parfois à l’appel du muezzin. Ce mélange de sons, de pierres et d’histoires rappelle que cette ville a su transformer la coexistence en art de vivre.

La cité des étudiants et du savoir

Dans les rues modernes de Kazan, les cafés débordent de jeunes, les façades de verre reflètent des gratte-ciel élégants ; c’est une ville jeune, une ville de savoir. On la surnomme « la ville des étudiants », car elle compte plus de 150 000 étudiants venus de toute la Russie et du monde.

Le professeur que je rencontre à l’Université de Kazan, fondée en 1804, me dit fièrement : «Ici ont étudié Lénine, Tolstoï et Mendeleïev… Aujourd’hui, nous formons les savants de demain. »

L’université, avec sa façade classique et ses colonnades majestueuses, demeure l’un des symboles les plus forts de la vie intellectuelle russe.

Dans les rues de la vie

Au crépuscule, la ville se pare de mille lumières. Sur les berges de la Volga, les familles se promènent paisiblement, les couples flânent, et la musique tatare se mêle au bruit de l’eau. Une jeune dame après une séance de travail et des chants traditionnels  m’offre une sucrerie locale, le “Tchak-Tchak”, et me dit en riant : « Goûtez-le, vous connaîtrez le vrai goût de Kazan ! »

Le lendemain matin, je découvre le parc du Millénaire, vaste espace vert créé en 2005 pour célébrer les mille ans de la ville. Des enfants jouent, des fleurs multicolores bordent les allées, et les fontaines chantent doucement sous le soleil.

Kazan… La perle de la Volga

Quitter Kazan n’est pas facile. Chaque coin de rue porte une histoire, chaque visage une lumière. Cette cité, à la fois russe et tatar, musulmane et chrétienne, ancienne et moderne, a réussi à devenir un pont entre les civilisations.

Kazan n’est pas seulement « la troisième capitale de la Russie » , elle est son cœur multiculturel, sa mémoire vivante, la preuve éclatante que la beauté naît de la diversité  et que le vivre-ensemble peut être, ici, une œuvre d’art.

Et maintenant, le train s’ébranle lentement, quittant les rives paisibles de la Volga.
De Kazan à Moscou, onze heures de voyage nocturne dans le wagon numéro 11, à travers plaines et forêts, villages et silences enneigés.
Le cœur reste suspendu quelque part entre les minarets et les coupoles, entre l’Orient et la Russie éternelle.

À bientôt,  à Moscou…

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