Ambassadeur du Japon en Tunisie : « TICAD 9 a offert de nouveaux engagements et des opportunités que la Tunisie doit saisir »

Le Point TN –sofien Rejeb
Lors d’une rencontre médiatique restreinte, l’ambassadeur du Japon en Tunisie, Takeshi Osuga, est revenu sur les travaux de la neuvième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 9), tenue à Yokohama du 20 au 22 août 2025, sous le thème « Innover ensemble pour un avenir durable en Afrique ». L’événement a réuni 49 pays africains, des organisations internationales et régionales ainsi que des représentants du secteur privé et de la société civile. L’ambassadeur a également évoqué les relations tuniso-japonaises, l’état des investissements japonais en Tunisie ainsi que les obstacles qui freinent leur développement.
Les résultats de la conférence
Les travaux ont abouti à la Déclaration de Yokohama, insistant sur le principe de partenariat équitable avec l’Afrique, en mettant l’accent sur la transition numérique, l’adaptation au changement climatique, la santé, l’éducation et les infrastructures vertes. Le Japon a annoncé de nouveaux engagements financiers et d’investissement comprenant des prêts concessionnels, le soutien aux projets d’énergies renouvelables et le financement de programmes de formation de milliers d’experts en intelligence artificielle et en technologies de pointe.
La participation de la Tunisie
La Tunisie a pris part activement aux travaux de la conférence à travers une délégation conduite par la Cheffe du gouvernement, Sara Zenzri Zafrani, qui a tenu plusieurs rencontres bilatérales avec de hauts responsables japonais. La Tunisie a réaffirmé son rôle de porte d’entrée stratégique entre l’Europe et l’Afrique, tout en renouvelant son appel à la conclusion d’un accord bilatéral de protection des investissements avec le Japon, afin de garantir un cadre juridique favorable aux investisseurs nippons.
Il est à rappeler que la Tunisie avait accueilli la huitième édition, TICAD 8. L’ambassadeur japonais a toutefois exprimé sa surprise face au faible nombre d’accords et de protocoles d’entente signés par la partie tunisienne lors de TICAD 9 – seulement deux, contre 324 au total – regrettant la perte de telles opportunités pour stimuler les investissements et les échanges commerciaux. Il a par ailleurs cité plusieurs obstacles freinant l’afflux des capitaux japonais en Tunisie, parmi lesquels cinq principaux : l’accord de protection et de promotion des investissements encore en suspens, le retard de la convention de non-double imposition, les insuffisances en matière d’infrastructures, le manque de clarté dans les relations de la Tunisie avec le FMI, et enfin l’absence de visibilité de la Tunisie à Yokohama.
Les relations tuniso-japonaises
Malgré ces préoccupations, l’ambassadeur a souligné que les relations entre la Tunisie et le Japon sont anciennes et multiformes. L’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) demeure très active dans le pays depuis des décennies à travers le financement de projets d’infrastructures et la formation de compétences locales. Ces relations pourraient être renforcées par la conclusion rapide d’accords d’investissement et fiscaux.
Les investissements japonais en Tunisie
Selon l’ambassadeur Takeshi Osuga, les investissements japonais en Tunisie sont estimés à environ 365 millions d’euros, générant près de 16 000 emplois directs et indirects. Plus de vingt entreprises japonaises sont présentes en Tunisie, opérant dans les secteurs de l’industrie mécanique, de l’électronique et des pièces automobiles. Bien que ce volume demeure inférieur aux ambitions, des perspectives existent pour attirer davantage d’entreprises japonaises, notamment dans les domaines de l’économie verte et du numérique.
Perspectives et recommandations
L’ambassadeur a rappelé que TICAD 9 a confirmé la volonté du Japon de renforcer sa présence économique et développementale en Afrique. La balle est désormais dans le camp des pays africains – et de la Tunisie en particulier – pour transformer cet élan diplomatique en opportunités économiques concrètes. Pour ce faire, la Tunisie se trouve à un moment décisif : accélérer la réforme du climat des affaires, finaliser les accords juridiques avec le Japon et lancer une campagne de promotion auprès des grandes entreprises nippones. Autant de pas qui pourraient faire de TICAD 9 un point de départ d’une nouvelle phase du partenariat tuniso-japonais.