
LePointTn- Par Sofien Rejeb
La santé et la sécurité au travail (SST) sont bien plus qu’une simple question de conformité réglementaire. Elles s’imposent aujourd’hui comme un levier de performance économique, social et humain essentiel au développement durable tant des PME que des multinationales. Alors que les accidents du travail continuent de peser lourdement sur les entreprises et les sociétés, la prévention et la formation apparaissent définitivement comme des investissements stratégiques à haut rendement. Dans un contexte mondial marqué par la digitalisation et l’évolution des risques professionnels, la Tunisie, avec son tissu économique diversifié et ses spécificités réglementaires, se trouve à un tournant décisif. Comment renforcer la culture sécurité dans un environnement économique fragilisé ? Quels outils et méthodes privilégié pour construire une prévention efficace et pérenne ? Nous avons profité de l’installation en Tunisie, de l’experte formatrice en audit et SST (Sécurité et Santé au Travail ), Delphine Bleslu, pour dresser conjointement un état des lieux chiffré exhaustif, analyser les racines profondes du problème et esquisser les solutions d’avenir à la lumière des meilleures pratiques internationales et de sa grande expertise terrain.
Partie 1 : La SST, un investissement stratégique aux retours multiples
Le poids économique de l’insécurité au travail : une équation mondiale
Les chiffres internationaux témoignent de l’ampleur du défi. En France par exemple, les dernières statistiques officielles font état de plus de 26 000 accidents du travail avec arrêt annuels, dont environ une centaine de cas mortels, le secteur du Bâtiment et des Travaux Publics (BTP) conservant la triste première place des secteurs les plus meurtriers. Derrière ces statistiques se cache une réalité économique implacable, celle du poids supporte par le contribuable et par l’état : l’AM-RP ( Assurance Maladie – Risques Professionnels) estime que le coût direct des accidents du travail et des maladies professionnelles se chiffre en milliards d’euros annuels ( 3.8 ) , représentant une ponction significative sur la richesse nationale.
Mais la véritable saignée économique réside dans les coûts indirects, souvent 3 à 10 fois supérieurs aux coûts directs, qui fragilisent structurellement les entreprises. Un accident grave déclenche une cascade de conséquences néfastes : baisse immédiate de productivité due au choc psychologique collectif, temps considérable perdu par l’encadrement pour les enquêtes et procédures, retards de production en chaîne, pénalités contractuelles, dégradation durable de l’image de marque, difficultés accrues de recrutement et augmentation mécanique des primes d’assurance. Une étude approfondie de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) confirme que pour chaque euro investi en prévention, le retour sur investissement pour l’entreprise est significatif, se matérialisant par une réduction structurelle de l’absentéisme, une baisse du turnover et une amélioration tangible de la motivation des salariés.
La formation : le rempart le plus rentable
Les entreprises qui systématisent la formation SST enregistrent des progrès tangibles et mesurables. Les études montrent une réduction pouvant atteindre 50% du nombre d’accidents dans les ateliers (industries, agroalimentaire, etc..) où les équipes bénéficient de formations pratiques et répétées aux gestes professionnels. Les nouvelles technologies jouent désormais un rôle clé dans le saut qualitatif de l’enseignement pratique : logiciels sophistiqués d’analyse prédictive des risques, modules de formation en ligne interactifs ( chatbot tuteur, intelligence artificielle pour détecter automatiquement les gestes dangereux grâce à l’analyse vidéo…), autant d’outils digitaux qui modernisent en profondeur l’approche traditionnelle de la SST.
La révolution technologique en formation SST
Le paysage de la formation SST connaît actuellement en Europe depuis 2022 notamment une mutation profonde, portée par une révolution technologique sans précédent. Les méthodes traditionnelles cèdent progressivement la place à des outils immersifs et interactifs qui transforment radicalement l’apprentissage en expérience mémorable. Parmi ces innovations majeures, les casques de réalité virtuelle de dernière génération permettent désormais de plonger les apprenants dans des environnements à risques hyperréalistes – chantiers en hauteur, usines chimiques, incendies naissants – sans aucune exposition réelle au danger. Les mannequins robotisés haute-fidélité, équipés de capteurs physiologiques avancés et de réponses biométriques, offrent une formation au secourisme d’un réalisme médical saisissant, où chaque geste est analysé et optimisé en temps réel. Les simulateurs professionnels, qui vont du module basique ‘ comment enfoncer un clou’ jusqu’aux systèmes Full Flight Simulator (FFS) adaptés des formations aéronautiques des pilotes, permettent d’entraîner les techniciens et opérateurs (chauffeurs d’engins de chantier, soudeurs, électriciens, etc..) dans des conditions extrêmes mais parfaitement maîtrisées. Enfin, le team building axé sécurité, à travers des « escape game » spécialisés ou des jeux de rôle grandeur nature, renforce solidement la cohésion d’équipe tout en ancrant les réflexes vitaux par l’expérience partagée.
Partie 2 : La Tunisie face à ses défis SST : un état des lieux chiffré et des pistes pour l’action
Un cadre réglementaire dense, une application inégale
La Tunisie dispose pourtant d’un arsenal juridique relativement complet en matière de SST, principalement basé sur le Code du Travail (1996) et le décret n°2011-258 du 5 juillet 2011, fixant les règles générales d’hygiène et de sécurité. L’Instance Nationale de la Sécurité Sanitaire et Environnementale (INSSE), créée en 2009, est chargée du contrôle et de la veille normative. Pourtant, le fossé entre la loi et la pratique reste significatif, particulièrement dans les TPE/PME et le secteur informel qui échappent, largement au radar des contrôles et, totalement, aux périmètres de formation SST.
Le bilan humain et économique : des chiffres qui interrogent
Selon les dernières données consolidées publiées par la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), le nombre d’accidents du travail déclarés oscille autour de 20 000 à 22 000 par an ces dernières années. Parmi eux, on dénombre en moyenne une centaine d’accidents mortels annuels. Ces chiffres, déjà préoccupants, seraient bien en deçà de la réalité, une grande partie des accidents dans le secteur informel – estimé à près de 40% de l’économie tunisienne – n’étant pas déclarée.
Une analyse sectorielle détaillée révèle des points noirs alarmants
Le BTP reste le secteur le plus dangereux, avec le transport routier ( rural et louages urbains ) concentrant à lui seul près de 30% des accidents mortels. En 2022, sur 98 accidents mortels recensés, 28 concernaient des chutes de hauteur sur des chantiers non sécurisés. Un cas emblématique : en mars 2023, l’effondrement partiel d’un échafaudage dans le centre de Tunis a coûté la vie à 3 ouvriers et blessé 7 autres. L’enquête a révélé l’absence de garde-corps et le non-respect des procédures de montage.
L’industrie manufacturière (textile, agroalimentaire, mécanique) représente environ 35% des accidents avec arrêt. Dans le secteur textile, les lésions aux mains par coupure ou écrasement représentent 60% des accidents déclarés. Une usine de confection à Monastir a enregistré 47 accidents en 2023, dont 80% liés à des machines non conformes ou mal entretenues.
L’agriculture est également très touchée, avec des accidents souvent graves mais largement sous-déclarés. Les intoxications aux pesticides et les accidents liés aux machines agricoles vétustes sont fréquents. Dans la région de Kairouan, une étude de l’INSSE a estimé que seulement 15% des accidents agricoles étaient déclarés à la CNSS.
L’impact économique : un fardeau insoutenable
L’impact économique pour la Tunisie est colossal. Ainsi la CNSS estime que les dépenses liées aux indemnités journalières et aux rentes d’invalidité représentent une ponction financière annuelle d’environ 280 millions de dinars tunisiens. Mais ce sont les coûts indirects qui pèsent le plus lourd : une étude de l’UTICA estime que les pertes de productivité liées aux accidents du travail représentent 0,8% du PIB tunisien, soit a peu près équivalent a la contribution du secteur extraction pétrolière et gaz naturel !.
Dans le secteur du BTP, un accident mortel peut coûter à une entreprise jusqu’à 500 000 dinars (150 000 euros) en frais directs et indirects (indemnités, arrêt de chantier, pénalités, perte de réputation), alors que l’absentéisme lié aux accidents et aux maladies professionnelles représente en moyenne 4,5 jours par salarié et par an dans l’industrie manufacturière.
Les freins structurels à une culture SST robuste
Plusieurs facteurs expliquent cette situation préoccupante. La prédominance des TPE/PME : plus de 95% du tissu économique tunisien est composé de petites structures qui manquent de ressources dédiées à la SST. Seulement 9% des TPE disposent d’un responsable SST désigné. Dans le secteur informel qui représente environ 40% de l’économie, la SST échappe à tout contrôle car les travailleurs, souvent non déclarés, n’ont accès ni à la formation ni à la protection sociale.
De plus, selon l’INS, seulement 18% des salariés tunisiens ont reçu une formation SST dans les 5 dernières années, ce qui souligne le profond déficit courant de formation. S’y ajoute les moyens de contrôle limités : l’INSSE, avec moins de 200 inspecteurs pour couvrir l’ensemble du territoire, ne peut assurer un contrôle efficace et régulier. En 2023, seulement 3 800 établissements ont fait l’objet d’un contrôle, soit moins de 8% des entreprises formelles.
Par ailleurs la vétusté des équipements vient aggraver la situation: dans de nombreuses PME industrielles, le taux d’équipement datant de plus de 20 ans dépasse 45%, générant des risques mécaniques et électriques importants.
Des initiatives prometteuses mais insuffisantes
Cependant quelques initiatives méritent d’être soulignées telles que le programme « SST pour tous » lancé par le ministère des Affaires Sociales qui potentiellement a formé 5 000 salariés entre 2020 et 2023. L’office de la Sécurité Sanitaire des Aliments (OSSA) a mis en place par exemple un système de certification volontaire qui a concerné 320 entreprises agroalimentaires. De grands groupes internationaux implantés en Tunisie ont importé des standards élevés de sécurité, servant d’exemples pour leurs sous-traitants locaux, tels que Visteon Tunisia, Valeo, Figeac Aero etc…
Conclusion
Le chantier de la santé et de la sécurité au travail en Tunisie semble immense, mais il est à la hauteur des enjeux de développement du pays. Les chiffres, sans appel, doivent servir de leviers pour une prise de conscience collective et une action résolue. Il s’agit de construire une compétitivité globale et ESG durable, fondée sur une main-d’œuvre qualifiée, engagée et protégée.
Moyennant l’expertise locale des consultants spécialisés ( et de la Protection Civile notamment), alliant connaissance du terrain et maîtrise des nouvelles technologies, et en combinant volonté politique, responsabilisation des entreprises et idées novatrices / IA , la Tunisie peut faire évoluer la SST d’un fardeau en un puissant moteur de valeur ajoutée et de justice social
Partie 3 : Regards d’experte – Interview avec Delphine, consultante en SST

Delphine Bleslu est consultante, auditrice et formatrice senior en santé et sécurité au travail. Avec un parcours unique d’instructrice et auditrice en SST, combinant 20 ans d’engagement opérationnel ( sapeur-pompier, coordination au SAMU, création d’ antenne de Protection Civile par exemple) , elle allie expertise terrain et compétences pédagogiques avancées ( CNAM et CTE). Titulaire de multiples habilitations (Chef d’Intervention, Monitorat SST, HACCP, FRTI, Réalité Virtuelle), elle a développé une approche innovante intégrant ludo-pédagogie, outils digitaux et partenariats stratégiques, tout en étant habilitée a délivrer des diplômes d’état français et américains en la matière .
LePoint : La SST qu’est ce que c’est ?
Delphine : Il est capital de souligner que la Santé et Sécurité au Travail (SST) est une discipline visant à protéger la santé et l’intégrité tant physique que psychologique des travailleurs sur leur lieu de travail. Elle s’inscrit directement dans le pilier Social (le « S ») de la norme ESG (Environnementale, Sociale et de Gouvernance). Une politique SST robuste démontre ainsi l’engagement social d’une entreprise et constitue un indicateur clé de sa performance ESG globale.
LePoint : Votre expérience en milieu scolaire est particulièrement intéressante. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces interventions ?
Delphine : Absolument. J’interviens régulièrement dans les établissements scolaires, du primaire au lycée, avec une approche adaptée à chaque âge. À l’école primaire, nous utilisons des jeux de rôle et des ateliers ludiques pour enseigner les gestes de premiers secours et la prévention des risques domestiques. Les enfants apprennent par exemple à alerter les secours, à identifier les dangers ou à pratiquer les gestes qui sauvent de manière simple et concrète. Au lycée, les formations sont plus poussées et incluent l’utilisation de mannequins et de casques de réalité virtuelle. L’objectif est de préparer ces jeunes à leur future vie professionnelle. Nous avons notamment développé un programme spécifique pour les professeurs de sport, qui peuvent ainsi devenir des formateurs relais en secourisme au sein de leur établissement.
Le Point : Justement, comment se déroule la formation des enseignants, notamment en EPS ?
Delphine : Nous proposons aux professeurs d’EPS un parcours de certification sur 2 jours, combinant théorie et mises en situation réalistes. Ils apprennent à gérer les urgences spécifiques à leur contexte : traumatismes sportifs, malaises, arrêts cardiaques… L’idée est d’en faire des référents secourisme capables non seulement d’intervenir, mais aussi de former leurs collègues et élèves. C’est un multiplicateur d’impact formidable. Je suis prête a collaborer avec le Ministère de la Jeunesse et des Sports pour mettre en place un programme de formation des enseignants EPS ou des gestionnaires de Mission de Jeunes sur tout le Territoire tunisien de toute la Tunisie, pour les habiliter a certifier diffuser la culture SST en sus des gestes qui sauvent …
LePoint : Votre background en Protection Civile représente un atout précieux. Comment pourrait-il inspirer le contexte tunisien ?
Delphine : Mon expérience dans la création et la gestion d’une antenne locale de Protection Civile m’a appris l’importance des partenariats stratégiques. En Tunisie, la Protection Civile dispose d’un réseau territorial étendu et d’une réelle expertise en gestion des urgences. Un partenariat entre cette institution et les entreprises tunisiennes pourrait permettre de développer des formations conjointes, de mutualiser les ressources, et de créer des cellules de secours internes dans les zones industrielles.
La Protection Civile tunisienne pourrait par exemple former des salariés volontaires comme « secouristes d’entreprise », avec un dispositif de maintien des compétences régulier. C’est un modèle gagnant-gagnant : les entreprises bénéficient d’une expertise reconnue, et la Protection Civile étend son maillage territorial.
LePoint : La ludo-pédagogie est un pilier de votre approche. Pourquoi est-elle si efficace en SST ?
Delphine : La ludo-pédagogie transforme l’apprentissage en expérience positive et mémorable. Plutôt que de subir des formations théoriques, les participants deviennent acteurs de leur apprentissage. Nous organisons par exemple des escape-game sécurité où les équipes doivent résoudre des énigmes liées à la prévention des risques, ou des simulations grandeur nature d’accidents avec analyse collective. Cette approche est particulièrement adaptée au contexte tunisien car elle transcende les barrières linguistiques et culturelles. Le jeu crée une dynamique de groupe favorable à l’appropriation des bonnes pratiques. Dans une entreprise textile, nous avons mis en place un « jeu de piste sécurité » qui a permis de réduire de 40% les non-conformités en seulement trois mois.
LePoint : Comment vos différentes expériences se complètent-elles dans votre approche ?
Delphine : Mon parcours en trois temps – opérationnel avec les pompiers et le SAMU et la Croix-Rouge, managérial avec la Protection Civile, et pédagogique avec le consulting – me permet d’aborder la SST dans sa globalité. L’opérationnel me donne la crédibilité terrain, le managérial m’apprend à structurer des dispositifs pérennes, et le pédagogique me permet de transmettre efficacement. Par exemple, lorsque je conçois une formation sur les risques industriels, je m’appuie sur mon expérience en intervention réelle pour créer des scénarios réalistes, sur mon background en gestion de projet pour élaborer un dispositif durable, et sur mes compétences en ludo-pédagogie pour le rendre engageant. Je me propose donc de mettre a disposition des entreprises tunisiennes, quel que soit leur taille, ce fonds de compétence et cette efficacité pédagogique
LePoint : Quelle feuille de route et quel modèle de partenariat public-privé imagineriez-vous pour la Tunisie ?
Delphine : Je proposerais la création de « Pôles Territoriaux de Prévention » associant Protection Civile, INSSE, universités et entreprises. Ces pôles pourraient faciliter la création d’un écosystème cohérent où chaque acteur apporte sa valeur ajoutée, avec une gouvernance partagée et des financements croisés.
Si on parle de Feuille de route pour une SST tunisienne du 21ème siècle, il faudrait, pour inverser la tendance, une action concertée et ambitieuse avec les experts tunisiens ESG qui ont toutes les compétences nécessaires, et qui inclurait :
- Sensibiliser les décideurs économiques par des études de cas démontrant le ROI de la prévention.
- Créer un département observatoire national des accidents du travail pour objectiver les enjeux.
- Renforcer la formation et la certification en intégrant des modules SST obligatoires dans tous les cursus professionnels et universitaires ( a l’instar des pays scandinaves ) .
- Développer un programme national de formateurs SST.
- Inciter financièrement via un système de bonus/malus sur les cotisations accidents du travail, avec des réductions substantielles pour les entreprises exemplaires.
- Lever le digital avec une plateforme nationale de e-learning offrant des formations SST gratuites ou à bas coût en arabe et en français.
- Professionnaliser l’audit et le conseil en créant un réseau de consultants certifiés et en subventionnant les premiers audits SST/ESG pour les TPE.
- Renforcer les partenariats public-privé en associant l’INS, la Protection Civile et les organisations professionnelles dans des programmes sectoriels.
- Lutter contre le travail informel par des campagnes ciblées et un système de régularisation incitative.
- S’adosser au maillage des Maisons de Jeunes et les faire évoluer a bas couts en Plateforme Secourisme et Sécurité,
Cette feuille de route nécessite une mobilisation politique et publique comme cela a été fait dans la plupart des pays européens avec les résultats constatés.. Les enjeux dépassent la seule question de la sécurité au travail : il s’agit de construire un modèle de développement plus humain et plus durable, où la protection des travailleurs devient un marqueur de compétitivité et de justice sociale.
LePoint : Un dernier message pour les décideurs tunisiens ?
Delphine : La SST est un investissement à triple dividende : humain, économique et social. En misant sur l’innovation pédagogique, les partenariats stratégiques et la formation dès le plus jeune âge, la Tunisie peut non seulement sauver des vies, mais aussi se positionner comme un leader régional en matière de prévention des risques. La protection des travailleurs et des citoyens n’est pas une dépense, mais le fondement d’un développement durable et responsable..




